Au Directeur général des élections du Québec,
Monsieur, madame et à tous vos alliéEs administratifs et légaux,
En 2014, j’apprenais à être mono-mère de mes deux fougueux et à faire de la politique.
Motivée à transformer le feu qui m’habite en inspiration et en énergie constructive, j’ai alors saisi une perche qu’on m’a tendue et je me suis impliquée bénévolement dans la campagne politique scolaire de Priorité École en me présentant comme candidate au poste de commissaire.
La campagne a duré 3 mois… un peu plus.
Par conviction que l’éducation est une valeur dans laquelle nous devons tous investir, j’ai, avec des dizaines de citoyens inspirants de tout acabit (toutes équipes et fonctions confondues!), donné de mon temps, de mon argent.
Soutenue par mes amiEs formidables-et-tout-aussi-bénévoles que moi, j’ai fait du porte-à-porte avec mes deux enfants dans une charrette, j’ai débattu dans des assemblées de 40 citoyens en payant pour faire garder mes enfants ou en courant après ceux-ci entre deux jasettes et une sandwich pas de croûtes.
J’ai rêvé mieux pour nos petites utopies avec tout un tas de parents engagés. On a levé péniblement 1000$ de fonds pour ma campagne et on a appris à organiser « un non-parti politique ».
Puis est venu le temps de la paperasse.
Évoluant avec une attention à intensité variable et étant dans une période de chaos dans ma vie personnelle, cette partie du travail s’est avérée être, pour ma part, un casse-tête de taille.
Grâce à l’aide de mes collègues, on a bouclé les rapports, les dettes, les papiers et les reçus.
Dans un mélange de fierté, de confusion et d’écoeurantite…j’ai fermé le tout, au mieux de mes compétences, dans les mois qui ont suivi…
Puis, on m’a demandé les reçus.
J’ai envoyé les copies de reçus.
On m’a redemandé les reçus. J’ai envoyé les originaux.
Puis on m’a redemandé un rapport.
Avec Jocelyne Cyr, qui était à la tête de notre non-parti, nous avons envoyé un rapport.
Jocelyne et moi avons rencontré M. Caty à plus d’une reprises. J’ai parlé à M. Ringuette au moins 3 fois au téléphone.
Puis j’ai imprimé des copies des relevés de transactions.
Puis, j’ai envoyé tout ce que j’avais par courriel et courrier.
On m’a assuré que tout était en ordre.
Puis j’ai reçu une nouvelle demande pour un rapport additionnel.
Je n’avais plus aucun papier. Je n’avais aucune idée de ce que l’on me demandait de plus!
En janvier 2017, j’ai reçu un constat d’infraction pour omission de produire un rapport additionnel. OMISSION FUCK! REALLY? Et finalement, on me dit, oui oui, il est produit, mais en retard de 10 jours…Vous devez 681$
Les équipes scolaires ne sont pas considérées comme des partis politiques. Ils ne bénéficient d’aucun des avantages liés à l’existence des partis, mais de tous les inconvénients.
Ainsi, on agit administrativement comme si nous en étions. Comme si nous avions des milliers de dollars en jeu et une équipe en charge de la production de nos rapports. Or, ce n’est pas le cas!!!
Nous sommes des individus bénévoles, sans structure reconnue et pataugeant dans les dédales administratifs avec la plus grande volonté du monde et assurément un brin de maladresse!
Nos libéraux amassent des fonds douteux par centaines de milliers de dollars; nous, beaux téméraires-peu-glamour et bénévoles, on lève 10k à 12 parents-citoyens motivés à s’impliquer pour défendre les services publics et nos écoles, et on gère du collatéral des années durant…
Jusqu’à la semaine dernière, j’espérais trouver ce qu’il faut d’arguments factuels pour minimalement pouvoir répondre aux questions qui me seraient posées en cour et ainsi pouvoir partager un plaidoyer pour le bon sens.
Or, je n’ai trouvé que ma mémoire floue et ma bonne foi. La bonne foi n’étant pas suffisante pour contrer un argumentaire administratif qui affirme, avec véhémence et témoins, que les réclamations demeurent, à ce jour, non satisfaites et que j’ai, preuves à l’appui, produit le rapport 10 jours en retard.
Il est toujours possible d’agir en tant qu’humain. Avec nuances et discernement ou encore comme des machines. Soumis aux incohérences d’une loi écrite pourtant par l’homme…
Le lundi 24, je devais être avec vous, en cours. Or j’ai choisi, après maintes réflexions, parmi tous les combats que je mène et mes défis quotidiens, d’abandonner celui-là et de rester pour gérer la routine du matin avec mes magnifiques recrues. Ben oui! J’abandonne! Sti!
Chers fonctionnaires, vous gagnez le jack pot: 681$! Ça fera surement une grande différence dans les fonds publics…Vous investirez ça où? Puis-je dédier mon don?
Ainsi, je continuerai d’investir de l’énergie pour soutenir l’inclusion sociale de mon fils autiste, pour la reconnaissance positive de la neurodiversité et de la valeur de la contribution des personnes t.s.a., pour le maintien des fondements constituant le projet pédagogique de l’école alternative que fréquente mon plus jeune, pour la valorisation du système public d’éducation et pour un investissement massif en éducation, pour une meilleure formation des maîtres, je continuerai.
Mais, là tusuite, j’abandonne ce combat contre les absurdités administratives de la commission scolaire et du DGEQ. Fuck off.
Comment écoeurer les citoyens de l’engagement public et politique?
Do this!
En plus du marasme ambiant, on a assurément bien besoin de siphonner les derniers audacieux qui osent faire du bénévolat au scolaire.
Ma campagne a permis d’amasser et a coûté en tout 1000$ et surtout beaucoup de mon temps. J’ai donné tout ce que j’avais et aujourd’hui, on me réclame encore!
Pour éviter que mon prochain mois ne soit précaire et afin de ne pas devoir choisir entre cette dette absurde, vile et inutile socialement et le fait de payer mon loyer, voici 20 chèques post-datés au montant de 34$. En espérant qu’ils sauront satisfaire l’appétit de notre administration publique.

Annick Daigneault,
Citoyenne sensible, maladroite, engagée et écoeurée