Hier.
Sans rancune.
Les ongles de fils I étaient acérés. Les cris stridents. L’équilibre incertain.
Le petit fil tordu…
On avait les conséquences de certaines caractéristiques de l’autisme dans l’tapis…
Il y a de ces matins où, malgré les horaires visuels et la constante volonté, l’anarchie domine.
Hum…en fait, nos matins ressemblent rarement à une pub de Nutella.
Pas de sucre, pas de peanut, pas de poésie lichée ni de maman sans miette. Une heure happée par la routine-Everest d’habillage et les prises de lutte qui s’achèvent avec de la pâte à dents aux cerises dans le brushing.
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Déterminés à arriver à l’heure à l’école, on a ‘paqueté la famille et on l’a jetée dans la Lisette-mobile (aka notre voiture).
Le boupi (fils II) errait en cavale parmi les agendas et les projets. Fils I, sans mot, jugea que le moment était idéal pour un affaissement anxieux…
Nos intentions étaient sans effet. Des parents dans une flaque d’amour, pas de pogne.
En moins de temps qu’il ne faut pour lever un bras, trois faces (dont la mienne) ont hérité d’égratignures.
Nous avons apaisé le tigre, géré les conséquences et formulé des pardons.
De petits humains, aimants, ouverts mais attristés se tenaient toutefois toujours devant nous.
Avec l’adorable enseignante, Isabelle, nous avons ouvert le dialogue. Nous avons profité de notre présence pour permettre aux enfants de témoigner de leur vécu, poser leurs questions, exprimer leurs émotions, regarder le positif et réfléchir à des possibles. L’expérience était confrontante mais constructive surtout.
Éjectée de la classe, au moment où fils l’a suggéré en langage non verbal très efficace, j’ai laissé ma journée respecter ses dead line et le temps a filé.
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En fin d’après midi, une photo apparaît dans ma boite courriels:
« Il peint des taches. Vois comme il est beau! » C’est elle qui le dit.
Émue je répond à l’auteur. Isabelle. Cet être engagée, qui ne prend rien pour acquis et qui rend tout possible.
Tout est inévidence.
Nous doutons. Essayons. Je grince. Nous persistons.
Au moment de conclure mon mercredi dans le noir du presque jeudi, je zieute une dernière fois.
Un dernier courriel m’attend sagement:
« Moi aussi je suis maman… Aujourd’hui, il a peint des taches pour tous ses amis. Les amis ont ensuite créé des oeuvres à partir de celles-ci. Ils en feront un livre pour apprendre à compter, qu’ils remettront à Maël, à la suggestion de Philippe…à suivre! »
Ma journée s’est conclue toute seule. Pas d’effort. Comme une grande. Lucide et reconnaissante, j’ai dormi en répétant: Merci. Encore. La face liquide.
L’inclusion n’a rien d’évident et sa beauté, comme la créativité, émergent dans les contraintes et les défis…