« Vous n’êtes pas sans savoir que Phylip a été arrêté ce matin… »
« Puisque votre organisation y a été liée, nous aimerions… »
Une journaliste. 300 caractères. Un numéro pour la joindre et l’accroche… L’âme qui laisse les mots se déverser et les regarde prendre position. Insidieux.
Rupture avec le matin doux, blottie contre mes deux futurs candides.
Pas encore caféinée, je lis la nouvelle en grommelant. En jurant. Je tremble en lançant mon trop intelligent téléphone sur la couette molle. (Je m’étais promis de ne plus rien lire avant de me lever. Comme plusieurs promesses que je me suis faites. Celle-ci m’échappe. Visiblement)
Plus tard. Je frapperai des objets.
« Êtes-vous surprise? »
Haha!
Phyl est accusé de possession et production de pornographie juvénile et attouchements.
L’accroche et le texte. L’accroche et son visage sur une trop troublante photo. L’accroche et les faits. Et ses questions à elle. Nous, ici, derrière les mots. Dans l’ombre et la vérité, dans l’ombre et la nuance.
« On prend vos commentaires. »
Les gens n’ont pas besoin d’être invités à commenter pour dire. Juger.
Il savent. Avant nous. Ils ont la certitude. Un talent qu’une moyenne possède, mais qui m’a échappé à la naissance.
Nous doutons.
Ils savent.
Ils auraient agi différemment.
Eux.
Avec discernement. Autrement. Intelligemment.
Eux.
Ils savent même ce qu’il devrait advenir de Phyl. Alors, que touchée directement, je suis pleine de doutes, de nuances et de critiques acerbes envers notre société. Nos manques. Notre déresponsabilisation envers les troubles de santé mentale, notre incapacité à reconnaitre humblement nos failles et les besoins envers les déviances (qui sont ici distinctes du spectre de l’autisme!) et nos malaises à investir en prévention.
Les erreurs d’autrui confortent dans l’inaction.
Pas de risque, pas de scratch.
Je. Suis. Faillible. Enthousiaste et généreuse. Je donne. Je tends la main. J’offre ma confiance. Je pardonne.
Je me blesse.
Candide?
Non.
Volontaire et risky?
Certes.
Bien que mes fils eurent été protégés par mon instinct qui me suggérait une certaine distance, j’ai donné et j’ai lié ma crédibilité à la sienne. Ce matin, l’amie, la professionnelle, la mère; Les trois ont braillé!
J’ai demandé « silence! » à ma petite voix et j’ai poursuivi en m’exigeant des faits.
J’ai rencontré Phylip via le web, d’abord, puis notre relation a évolué. J’ai porté attention au transfert. J’ai écouté certains signes. J’ai choisi d’avancer malgré tout. Oui! Dans le doute: j’ose! Nous avons donc progressivement créé ensemble une conférence pour les jeunes. Nous avions des plans conjoints de sensibilisation à l’autisme, à la différence et à la valorisation de la neurodiversité et il collaborait au projet documentaire.
Toutefois, le 17 août dernier, sur la page de Sur le Fil, Fondation pour l’Inclusion, je publiais ceci:
« Nous vous informons que M. Phylip St-Jacques, aka Spasmophyl, ne fait plus partie du c.a ni d’aucun projet de l’organisme.
Sur le fil, Fondation pour l’Inclusion se détache et ne cautionne aucune action ou propos qu’il peut entreprendre en utilisant le nom de notre organisation.
Merci de votre sensibilité, compréhension et partage. »
Pour vous rassurer, Sur le Fil est toujours vivante et a besoin de sa communauté (vous ça!) pour vivre. Elle est sujette aux tremblements, vulnérable aux coups, mais elle médite, milite et évolue, debout. Lentement face aux vents.
Les démarches légales et la poursuite sont entamées. Le processus est nécessaire et je suis en paix avec la prise en charge officielle d’un état problématique, d’une dérive comportementale potentiellement dangereuse qui n’est nullement liée au diagnostic d’autisme.
Sachez toutefois que bien que je reconnaisse qu’il s’agit souvent de maladresses, si vos commentaires s’emballent (envers nous, les mamans ou envers M.Phylip St-Jacques), je me garde l’immense plaisir de bouder, de flusher, voire de vous envoyer chier avec toute la verve que vous me connaissez et cela, sans préavis ni un iota de retenue.
Merci de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain et, surtout, de faire preuve de délicatesse et d’humanité dans vos partages. Il s’agit de vrais humains… qui vivent une vraie histoire.
Bien à vous.
Bibi dans le vent.